[FR]
Son corps ne se reconnait plus.
Ma mémoire se souvient encore de lui, et non pas de mon propre corps.
Je me réfère à lui qui est dans un corps qui manque aussi de quelque chose, comme le mien.
Quelque chose qui ne peut pas être nommé.
Ce qui ne se nomme pas définit le terme que les autres nous accordent.
A lui et à moi.
L’innombrable n’a pas de lettres : il fait mal, il chuchote des cicatrices.
Il ne finit pas ses phrases, il enlève des mots. Il rend illisible.
Il laisse un chemin de points sans point.
Je veux transformer cette attente en saut. Ce saut en catapulte. Je veux suspendre le point, le laisser suspendu dans l’air. Je veux un point qui se retourne, un point qui connaisse toutes les directions, tout l’espace qu’il y a entre deux corps. Je veux tout l’espace vide qu’il y a à l’intérieur des corps. Je veux courir les yeux fermés au bout du monde. Je veux faire de la musique avec mes cris. Je veux les transformer en mélodies qui rythment ma solitude.
Fuir la fatalité, se mettre en mouvement comme les gouttes écrasées qui roulent avec le vent. Se mouvoir, rouler, fermer les yeux, respirer, tourner, sauter. Mélanger les couleurs, faire éclater les formes, transformer la quiétude en moteur aréo-dynamique. Mordre le fruit pour mâcher ses graines. La mordre sauvagement, la croquer.
SE RÉVEILLER DE L’AMENESIE DE CE LONG SOMMEIL.
OUVRIR LES YEUX POUR MIEUX LES FERMER.
Je commence à renommer mon corps, je commence à conjuguer les verbes de mon squelette.
Guidés par la pluie, nous avançons, nous perçons la terre.
Nous arrosons les graines.
Nous crions et nous sortons de la terre.
Nous crions et nous revivons.
Nous sentons.
Insolitement.
Nous faisons des pas qui ne laissent pas des traces.
[ES]
Su cuerpo ya no lo reconoce
Mi memoria aun lo recuerda, a él, no a mi proprio cuerpo.
Me refiero a él, que esta en ese otro cuerpo al que también falta algo.
Algo que no se puede nombrar.
Y aquello que no se nombra define el termino que los otros nos atribuyen…
A él y a mí.
Lo innombrable no tiene letras: duele y en susurro va marcando cicatrices.
Deja frases inconclusas y quita palabras. Vuelve ilegible.
Deja un camino de puntos sin punto.
Quiero transformar esa espera en salto. Y ese salto en catapulta. Quiero suspender el punto. Quiero dejarlo suspendido en los aires. Quiero un punto que se volteé, que conozca todas las direcciones, qué conozca todo el espacio que puede haber entre dos cuerpos. Quiero que ese punto borre todo el espacio vacío que hay en el interior de un cuerpo. Quiero correr con los ojos cerrados al fin del mundo. Quiero hacer música con mis gritos, transformarlos en melodías que ritmen mi soledad.
Huir de la fatalidad, ponerse en movimiento como las gotas aplastadas contra el vidrio y que ruedan con el viento. Moverse, rodar, cerrar los ojos, respirar, girar, saltar. Hacer estallar las formas y los colores, convertir lo que estaba quieto en motor aéreo dinámico. Morder la fruta para mascar sus semillas. Morderla salvajemente, con los colmillos. Volviéndose vampiro, chupar la sangre y llenarse de vitalidad. Dejarse morder, también.
DESPERTAR DE LA AMNESIA DE ESE LARGO SUENO.
ABRIR LOS OJOS PARA CERRARLOS.
Empiezo a renombrar mi cuerpo, empiezo a conjugar los verbos que emplea mi esqueleto.
Guiados por la lluvia, avanzamos, nos hundimos en la tierra.
Regamos semillas.
Gritamos y salimos de la tierra.
Gritamos y revivimos.
Sentimos.
Insólitamente.
Damos pasos que no dejan huella.
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