pointsuspensions
Combler sa faim*
Lorsque je me lève j’ai faim
A la fin de la journée j’ai faim
Je veux manger
J’ai envie de manger
Il nourrit un vide qui ne se remplit pas
malgré les chocolats.
Je mâche avec rapidité
J’avale des gros morceaux pour finir
et reprendre à nouveau
Toujours plus, toujours plus
des gestes indigestes et monotones.
Coude qui se plie
Couvert sur les
Lèvres
Coude qui se plie
Couvert sur les
Dents
Coude qui se plie
Couvert sur la
Langue
Coude qui se plie
Couvert sur la
Mâchoire
Coude qui se plie
Couvert sur la
Gorge
Coude qui se déplie
Couvert sur la table
Nourrir les mauvais présages ?
Ou cuisiner ce qui nous sauve ?
Éplucher, couper, cuire
Assaisonner au safran les chants des moineaux
Croquons-les embaumés par l’odeur des tournesols
Nourrie
de vent aux pépites de pluie
de montagne à la brume
de l’aube au parfum du lune
Nourrie
des paysages que je ne palpe pas
des paysage qui calment la faim de vivre
L’été je m’endors sur de l’herbe mouillée
J’embrasse ton corps dans la forêt
Je goûte les fraises récoltées
durant la balade
Leur saveur fraîche envahie ma bouche
J’avale de la salive et tout disparaît
Un midi j’ai rencontré un homme qui avait perdu le goût
Il se nourrit en imaginant les saveurs
de ce qu’il met dans sa bouche
Je me nourris de l’eau salée de la mer
Et de l’odeur à terre mouillée
un matin dans les champs
Le soir je mange les couleurs des troncs qui brûlent
Je me nourris le soir
quand le silence arrive enfin
Le matin je me réveille
Et j’ai faim
* Ce poème a été écrit le 3 avril 2020, en répondant au "Défis de K" sur le thème SE NOURRIR. Il s'agit d'un atelier d'écriture animé par Kiyémis en temps du confinement.
